Contes populaires berbères/recueillis, traduits et annotés par René Basset.... 1887. (retravaillé par Tratrick pour admir-legende) Les contenus originaux accessibles sur le site Gallica.
Khlija.
Quelques filles gardaient des chèvres ; l’une d’elles s’appelait Khlija, elle
gardait la chèvre de son frère.
Il voulait égorger l’animal à l’occasion de son mariage. Mais, malheureusement, un ogre mangea ce bouc et mit sa peau sur son visage.
Khlija vint et ne trouva pas le bouc, puis elle rentra à la maison.
Elle resta un moment, alors elle dit en appelant le bouc :
— Krik, krik, où es-tu, ô mouton de mon frère aimé, où es-tu, ô mouton de mon frère aimé ?
L’ogre vint et lui dit :
— Tu m’épouses ou bien je te mange.
— Je t’épouse.
Et bien, ils marchèrent jusqu’à un grand rocher. Ils y montèrent.
Elle lui donna des enfants. Chaque fois qu’il sortait, elle lui déroulait une chaı̂ne pour
descendre. Elle faisait toujours ainsi.
Un jour, son frère bien-aimé vint la chercher dans la forêt. Il ne la trouva pas et s’en retourna.
Le frère de Khlija voulait organiser son mariage.
Quelques garçons, leurs voisins, allèrent faire paı̂tre les animaux dans la forêt.
L’ogre, le mari de Khlija, les rencontra.
Ils lui dirent :
— Le frère aimé de Khlija va se marier.
— Accompagnez-moi pour que je puisse voir le mariage.
Alors, les garçons l’accompagnèrent jusqu’au mariage.
La mère de Khlija sortit pour recevoir l’ogre.
Il lui dit :
— Khlija est tranquille, elle mange, elle boit, elle dort dans la soie, couverte d’une autre pièce de soie.
Ils invitèrent l’ogre et ils lui donnèrent à manger. À un certain moment, un petit garçon passa près de l’ogre qui le mangea.
Un doigt du garçon resta entre ses dents.
Quand il ouvrit sa bouche, les gens virent ce doigt.
Ils dirent à la mère de Khlija :
— Votre beau-fils mange les humains !
Quand elle voulut savoir où était le domicile de sa fille, elle prit un sac de son,
elle mit du charbon dedans.
Elle lui dit :
— Emporte ce paquet à Khlija.
Pendant sa marche, le son se versa en faisant une petite trace.
L’ogre marchait et le frère aimé de Khlija le suivait, jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés au rocher.
L’ogre appela Khlija et elle lui jeta la chaı̂ne. Le frère le laissa monter,
jusqu’au milieu de la chaı̂ne et à ce moment-là il le frappa ; l’ogre tomba mort.
Le frère ramena sa sœur et ses enfants jusqu’à une forêt.
Khlija lui dit :
— Donne-moi un couteau, mon frère aimé, pour que j’enlève une épine.
Elle prit le couteau, se frappa le ventre et mourut.
Son frère prit le fils de sa sœur et le mit sur son épaule.
L’enfant le mordit à une oreille. Il le prit et le frappa à mort.
À la place du sang de ce garçon poussèrent des roseaux.
Un jour, l’oncle de ce garçon coupa un bout de roseau et en fit une flûte.
Quand il souffla dans cette flûte, celle-ci commença à chanter :
— Tu m’as tué, ô oncle, mon oncle, tu as tué mon père, tu as tué ma
mère, tu nous as tous tués !, tu nous as tous tués !